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Stratégies nationales et politiques publiques dans le secteur rural
Le projet Pôles ruraux d’inscrit dans le cadre de stratégies et politiques publiques nationales. Parmi celles-ci : la Stratégie de Sécurité alimentaire et nutritionnelle, la réforme de la décentralisation et les pôles de développement économiques.
La Stratégie de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle, cadre de référence du développement agricole
Le Gouvernement du Niger a impulsé une approche prospective dite « Stratégie de Développement Durable de Croissance Inclusive (SDDCI) à l’horizon 2035 ». De manière opérationnelle, il a mis en place le Plan de Développement Economique et Social (PDES) 2012-2015, qui articule la nécessité de concilier les interventions de court terme à la stratégie de long terme. La promotion de la sécurité alimentaire, nutritionnelle et d’un développement agricole durable constitue l’axe stratégique 3 du PDES qui se décline en Stratégie de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle et de Développement Agricole durables dénommée « Initiative 3N », les Nigériens Nourrissent les Nigériens, élaborée en 2011.
L’objectif de l’I3N est de « mettre les populations nigériennes à l’abri de l’insécurité alimentaire et de leur garantir les conditions d’une pleine participation à la production nationale et à l’amélioration de leurs revenus », en renforçant les capacités nationales de production alimentaire, d`approvisionnement et de résilience face aux crises alimentaires et aux catastrophes naturelles.
Le Haut-Commissariat à l’Initiative 3N (HC3N) assure la coordination et la facilitation de la mise en œuvre des Programmes. Les ministères et administrations de mission en assurent la maîtrise d’ouvrage.
Depuis l’adoption de la stratégie, plusieurs plans quinquennaux de mise en œuvre opérationnelle se sont succédé. Le troisième est en cours. Ils ont permis des progrès encourageants en matière de productions irriguées, pluviales et animales.
L’I3N a apporté principalement des innovations dans le domaine de l’accès au crédit et aux financements agricoles, de la petite irrigation, tout en améliorant les dispositifs d’appui technique aux agriculteurs au travers de trois instruments : le Fonds d’investissement pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle (FISAN), la Stratégie de petite irrigation au Niger (SPIN) et la Maison du paysan.
Toutefois, parmi les cinq axes stratégiques, les autorités ont donné une priorité à l’axe 1 portant sur les systèmes agricoles puisqu’il représente à lui seul 67% du montant financier total initialement prévu pour les deux premiers plans d’action.
Par ailleurs, sur la période des deux premiers plans, la succession de crises humanitaires, alimentaires et nutritionnelles, ont drastiquement modifié l’allocation des budgets prévisionnels avec des dépenses qui se sont finalement concentrées sur les mesures d’urgence de prise en charge médicale des cas de malnutrition aiguë. Une part bien plus importante (43%) que prévu du budget prévisionnel a alors été mobilisée pour les Plan de Soutien annuels successifs qui comprennent les interventions du Dispositif National de Prévention et de Gestion des Crises Alimentaires (DNPGCA). Ces actions ont permis entre autres de prendre en compte les différents types de vulnérabilité, notamment conjoncturelle et structurelle et d’améliorer les outils d’alerte, de planification et d’intervention pour répondre plus efficacement aux besoins d’urgence tout en développant des approches visant à sortir les ménages les plus vulnérables de leur précarité et à les rendre plus résilients.
La réforme de décentralisation, un processus évolutif pour la gouvernance territoriale
Le processus de décentralisation entamé depuis la période postcoloniale a connu un itinéraire en dents de scie. Il connaît un tournant essentiel lors de la conférence nationale de 1991 qui préconise notamment « la révision de la carte administrative du pays dans le sens d’une plus grande décentralisation ». Ces recommandations sont reprises et traduites dans la Constitution du 26 décembre 1992 (3ème République) qui dispose que « l’administration territoriale repose sur les principes de la décentralisation et de la déconcentration ». Les idées forces qui sous-tendent cette option étaient de faire de la décentralisation un moyen pour élargir et approfondir le processus démocratique dans lequel le pays s’est engagé et responsabiliser les populations dans la gestion de leur développement. La Constitution du 25 novembre 2010 reprend les dispositions de la Constitution de 1992.
Plusieurs schémas de de découpage territorial ont été évoqués au cours de ces périodes mais c’est finalement avec l’avènement de la 5ème République qu’est retenu en 2002 le découpage en vigueur.
Les premières élections locales, circonscrites au niveau communal, ont eu lieu en 2004, les suivantes, aux niveaux communal et régional, en 2011 et 2020.
Dans l’objectif d’accompagner les collectivités, l’Etat met en place en 2008, l’Agence nationale de financement des collectivités territoriales (ANFICT). Placée sous la double tutelle du ministre en charge de la Décentralisation et du ministre des Finances, l’ANFICT a pour mission de « gérer et répartir les ressources attribuées aux collectivités territoriales aux fins d’appui à leur fonctionnement et à la réalisation de leurs investissements sous leur maitrise d’ouvrage »
Ce n’est qu’en 2016, que sont transférés par décrets les compétences et des ressources de l’État aux Communes et aux Régions dans les domaines de l’Education, de la Santé, de l’Hydraulique et de l’Environnement.
Les pôles de développement économique pour mieux valoriser les atouts productifs des territoires
La notion de pôles de développement économique est le résultat de concertations entre le Gouvernement et ses partenaires techniques et financiers qui visent, à la fois, à faciliter le développement des infrastructures de marché, leur désenclavement et leur approvisionnement à partir des zones de productions tout en assurant la liaison avec l’accès aux financements.
Les pôles de développement économique (PDE) correspondent à des lieux où un faisceau d’acteurs et de productions se retrouvent et activent des échanges marchands. Cela implique la présence d’organisations professionnelles et d’entreprises. Les PDE se définissant comme étant des espaces de concentration des activités économiques liées à la commercialisation des principaux produits agricoles et d’élevage des bassins de production adjacents. Les critères suivants sont notamment retenus pour identifier les PDE :
– le potentiel de production irriguée et pluviale des bassins de production adjacents capable de générer des surplus commercialisables ;
– l’existence d’un marché de demi-gros dynamique généralement couplé à un marché à bétail ;
– la présence d’organisations paysannes capables de mobiliser les producteurs tant dans l’amélioration de la production et que dans celle de l’accès aux marchés ;
– la présence au niveau des centres de collecte et des marchés de demi-gros de petites et moyennes entreprises dynamiques avec un potentiel de développement dans l’offre de services liés aux activités du marché ;
– la continuité territoriale des zones d’interventions entre bassin versant, bassin de production et marché de demi-gros et la complémentarité avec les interventions des projets en cours.
Si la dimension « mise en marché » prédomine dans l’approche PDE en matière d’objectifs et de réalisations, celle-ci doit s’accompagner d’actions de soutien à la production agricole afin de s’assurer de la pérennité des flux d’approvisionnement et de leurs développements dans des conditions environnementales et sociales soutenables et conformes aux politiques nationales.