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Des jeunes adultes le plus souvent mariés, insérés dans un réseau professionnel et qui pratiquent déjà des activités maraichères

A Agadez comme à Tahoua, les 24 jeunes femmes et hommes interrogés ont participé aux formations entre 2018 et 2022 et sont aujourd’hui âgés de 19 à 38 ans ; la moyenne d’âge se situant autour de 30 ans. Une majorité d’entre eux est mariée et a un ou plusieurs enfants. Les jeunes femmes interrogées sont généralement mariées ou l’ont été par le passé (et sont désormais veuves ou divorcées) et ont un ou plusieurs enfants (sauf les deux jeunes femmes âgées de 19 ans célibataires et sans enfant).

Avant leur entrée en formation, la plupart des jeunes interviewés pratiquait déjà le maraichage. Pour les jeunes hommes, on distingue : i) les jeunes hommes qui cultivent déjà avec d’autres membres de leur famille (frères notamment) sur une parcelle appartenant au chef de famille ; ii) les jeunes hommes – souvent plus âgés - qui possèdent déjà un ou plusieurs hectares de terrain à leur nom et qui sont déjà ancrés dans des réseaux professionnels (coopératives notamment). Pour les jeunes femmes, on distingue également deux situations concernant la pratique des activités maraichères : i) certaines jeunes femmes - souvent les plus jeunes - pratiquent le maraichage de manière ponctuelle, sur une parcelle appartenant à leur père ou à leur mari ; ii) les jeunes femmes qui sont impliquées dans des groupements féminins et pratiquent le maraichage avec d’autres femmes, sur une parcelle qui leur est souvent prêtée par le chef du village. C’est par exemple le cas d’Amina et Nana, toutes deux formées en 2022 sur le site de Toudoun Billa, dans la communauté urbaine d’Agadez :

Amina et Nana font partie du même groupement féminin qui se nomme Mata – Masu – Kokari, ce qui signifie « les femmes courageuses ». « Nous disposons d’un jardin, prêté par le chef du village, sur lequel nous sommes 35 femmes, réparties en deux groupes. Chaque groupe cultive trois à quatre jours par semaine sur la parcelle. Nous faisons aussi un peu de transformation, notamment dans les périodes de récoltes, où les marchés sont généralement saturés des mêmes productions. Nous avons aussi des difficultés pour accéder à ces marchés, du fait du coût du transport. En transformant nos productions, nous évitons que les récoltes soient gâtées ».

La plupart des jeunes femmes et hommes interrogés pratiquent par ailleurs des activités d’élevage et de commerce, en plus des activités maraichères.
Au cours des années précédant leur entrée en formation, plusieurs des jeunes hommes ont vécu des expériences de mobilité, pour rejoindre des sites d’orpaillage ou pour des séjours de deux à trois mois en Algérie et/ou en Lybie. Ils y ont exercé divers travaux, allant d’ouvrier agricole à manœuvre, en passant par du gardiennage. Dans certains cas, il est difficile pour les jeunes hommes interrogés de revenir sur ces expériences, ils évoquent notamment des conditions de travail difficiles.
Enfin, il faut noter que certains jeunes – et notamment ceux dont les activités maraichères leur rapportent effectivement des revenus importants - occupent (ou ont occupé, selon les cas) des emplois à temps plein à côté de leurs activités maraichères, à l’instar de Aissa, 27 ans, formée en 2021 dans la commune urbaine d’Agadez et qui est enseignante contractuelle à temps plein auprès d’une classe de primaire dans l’école de son village ; ou encore d’Abdoulmina, 33 ans, formé en 2018-2019 à Tahoua, et qui a travaillé à temps plein comme comptable dans une école privée, de 2014 à 2021.