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Le fonctionnement du dispositif d’accompagnement des jeunes pour le FCP

La formulation d’une demande de financement est au cœur du mécanisme de financement à coût partagé, qu’elle soit portée par des jeunes (formés ou non formés) ou par des chefs d’exploitation. Ainsi, l’accompagnement à la demande d’un financement n’est pas systématique mais doit émaner d’une demande formulée par les jeunes directement.

Au lancement du projet, il était prévu que les jeunes formés souhaitant faire une demande de crédit dans le cadre du mécanisme de FCP soient accompagnés dans le montage de leur dossier par les opérateurs de formation (au cours et à l’issue de la formation en maraichage). Les premiers dossiers n’ayant pas donné satisfaction (dossiers identiques, surestimation des coûts et des besoins avec risque de surendettement, ...), le choix a cependant été fait de changer de système et d’impliquer les CRA dans le montage des dossiers présentés aux IMF.

« Au départ, l’expression des besoins et la demande de financement avaient été données aux opérateurs de formation et non à la CRA. Mais on a fait le constat que les dossiers étaient pratiquement tous les mêmes (mêmes montants, mêmes besoins en équipement, etc.). On s’est dit qu’il fallait arrêter ça tout de suite, car il y avait des risques d’engager les jeunes dans des impayés. On a retiré les opérateurs et la CRA a initié les pré-visites. » (Atelier de capitalisation, GT sur la formation et l’accompagnement des jeunes, mars 2023).

Ainsi, à partir de juillet 2019, un système de pré-visites réalisées par les CRA auprès des jeunes formés pour l’accès au financement a été mis en place.

Une étape d’information et d’expression des besoins
Au cours de la formation en maraichage, les jeunes sont informés par les opérateurs de formation (avec l’appui des CRA) sur les opportunités du crédit, les modalités et conditions d’accès, les pièces constitutives du dossier de demande de financement, etc.

L’expression des besoins est faite par les jeunes à cette étape, pendant la formation. Autant que faire se peut, la constitution des dossiers démarre à cette étape, avec notamment la constitution des pièces justificatives, l’objectif étant, du point de vue des CRA de Tahoua et d’Agadez, de raccourcir le processus d’instruction du financement à l’issue de la formation.

Une étape d’accompagnement au montage du dossier de financement

A cette étape, deux variantes existent selon les Régions : à Tahoua, les conseillers de la CRA réalisent des pré-visites individuelles sur site auprès de l’ensemble des jeunes ayant reçu leur « attestation de qualification de base » délivrée par le MEPT et exprimé leur besoin en financement. A Agadez en revanche, en raison de la taille du territoire et de l’importance des distances à parcourir, les jeunes doivent fournir l’ensemble des pièces justificatives du dossier de financement à cette étape ; la CRA opère alors une vérification de ces pièces avant que la pré-visite sur site ne soit organisée.

Le système de « pré-visites » mis en place par les CRA consiste à mettre à disposition des IMF/Banque leur connaissance du secteur agricole pour vérifier, avant transmission des dossiers de financement, la faisabilité technique et la rentabilité financière du projet présenté par les jeunes femmes et hommes dans leur demande de financement. Pour cela, les conseillers des CRA réalisent une « pré-visite » du (ou des) terrain(s) sur lequel le jeune va développer ses activités maraichères. D’une durée d’environ 2 heures, ces visites permettent au conseiller de recueillir un ensemble d’informations sur les conditions de production envisagées par le jeune : approvisionnement en eau de la parcelle, fertilité du sol, mesure des surfaces, statut du foncier, rentabilité du projet agricole envisagé et réalisme des besoins exprimés (notamment la capacité du jeune à dégager les productions nécessaires permettant de rembourser le crédit), marges de progression de l’activité, etc. Il est généralement conseillé aux jeunes de limiter leurs demandes en crédit et d’attendre d’avoir remboursé le premier crédit pour en obtenir un second. L’ensemble de ces informations réunies permettent aux CRA de préparer le compte d’exploitation de l’activité maraichère prévue par le jeune et de dimensionner avec lui.elle ses besoins en crédit au regard de sa capacité d’emprunt.

« On visite site par site, jardin par jardin. On passe vérifier réellement ce qui est dit sur le papier. Le jeune a exprimé ses besoins, nous on le conseille et on l’oriente sur le terrain pour que sa demande soit réaliste. Par exemple, il peut demander un puit alors qu’il a déclaré qu’il avait déjà un puit. On lui dit alors qu’il vaut mieux ne pas en demander deux. Pour que sa demande soit réaliste, on prend la superficie de son jardin pour voir ce que cela peut lui rapporter. C’est le compte d’exploitation : si on voit que par rapport à sa demande ce n’est pas rentable, qu’il ne pourra pas rembourser tout ce qu’il a demandé (en fonction de la superficie de son exploitation), on rejette son dossier et on lui demande de le revoir. Par exemple, lorsqu’un puit demandé est trop profond, on rejette la demande, car cela coûte trop cher de remonter l’eau. On ne retient pas son dossier car il ne sera pas retenu par la banque. ». (Entretien CRA, Région d’Agadez, mars 2023).

Pour structurer ces « pré-visites », les CRA se sont appuyées sur les méthodes développées dans le cadre du service de CGEF que réalisent les CRA.

Une étape de dépôt de la demande de financement auprès des IMF

A l’issue de la « pré-visite », le dossier de demande de financement, auxquelles sont jointes les pièces justificatives réunies, sont transmis aux IMF/Banque avec l’avis des CRA

A réception du dossier de financement, les IMF/Banques sont chargées de réaliser une visite sur site dans le cadre du processus d’instruction du dossier.

Dans certains cas, les demandes de financement sont individuelles, dans d’autres, elles peuvent être collectives.

Une fois le dossier déposé, les IMF/Banque ont normalement 1 mois pour se prononcer.

Une fois les demandes de financement acceptées, deux comptes en banque sont théoriquement ouverts, dont un compte épargne au nom du jeune et sur lequel est déposé le fond de roulement de 20%. Le jeune doit se présenter à la Banque / IMF pour l’ouverture de ce compte, ce qui peut représenter un déplacement long et coûteux pour le jeune dans certains cas. Par la suite, pour avoir accès à cette épargne, il doit théoriquement se rendre à l’Agence de l’IMF/Banque. Dans la pratique, il semble que les IMF/Banque aient pu verser, dans certains cas, ce fonds de roulement en cash aux jeunes directement.

« Normalement chaque jeune a un compte et le fonds de roulement est dans son compte donc chaque jeune devrait gérer ce fonds lui-même. Mais dans la réalité, certains comptes sont ouverts mais d’autres pas. Dans tous les cas on leur remet en main propre l’argent en retard sans passer par le compte. C’est un problème, car quand un groupe reçoit de l’argent au village devant tout le monde, il doit le partager avec le village. En théorie, même ton papa ne sait pas que tu as cet argent sur ton compte, alors quand tu le remets en main propre, là c’est la fête, tout le village voit ça ! » (Entretien CRA Tahoua, mars 2023)

Dans le cas où les demandes sont collectives, un compte commun aux différents emprunteurs est ouvert au nom de la SCOOP tandis qu’un compte épargne par emprunteur est théoriquement ouvert.